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« Approches participatives : comment former à leur mise en œuvre ? »

(2012/2013)

1er avril 2012

Un projet né de l’atelier de travail du même nom.

Ce projet fait suite à l’atelier organisé par la Chaire UNESCO en mai 2011 (en présence de mêmes partenaires). La Chaire UNESCO sur la formation de professionnels du développement durable de l’Université Bordeaux 3 et l’Université du Québec à Chicoutimi, Québec, Canada, en collaboration avec des partenaires associatifs (CLAP, Comité Liaison Acteurs Promotion à Bordeaux ; association Genre en Action, à Bordeaux ; Quartier du Monde à Paris et à Rabat) souhaitent poursuivre leur collaboration sur la question de la formation aux approches participatives.

Les partenaires ont des motivations communes :

  • Encourager/soutenir les initiatives en faveur d’une citoyenneté active et du développement durable.
  • Aider à la compréhension des responsabilités respectives des différentes parties prenantes dans un contexte et un territoire spécifiques, à partir de l’identification et de l’analyse de ses propres ressources.
  • Accompagner les initiatives individuelles et/ou collectives et les favoriser à travers la mise en relation des acteurs-trices.
  • Travailler ensemble avec des pédagogies participatives qui permettent de rassembler des acteurs-trices de domaines hétéroclites et de mutualiser les savoirs et les volontés.

L’objectif du projet consiste à élaborer en commun un référentiel de formation aux approches participatives pour l’élaboration et la mise en œuvre de projets de développement durable. 
La formation à la gestion participative devient en effet une nécessité pour les professionnels du développement durable. Les enjeux auxquels il faut faire face dans des sociétés plus ou moins inégalitaires ou démocratiques, tout en prenant en compte les impacts environnementaux, sont nombreux. Les problèmes contemporains de société se règlent de plus en plus en faisant intervenir des « parties prenantes » ou des « acteurs-décideurs » pour prendre des décisions en commun. Or la formation de tels experts fait rarement l’objet de formalisation et de cours présentés comme tels, au niveau universitaire en tout cas.

Les projets locaux pouvant se gérer de manière participative s’inscrivent dans des dynamiques globales : lutte contre les changements climatiques, éradication de la pauvreté, égalité des droits, notamment des femmes. Ils visent l’appropriation collective des processus de développement pour un mieux-être social. Les partenaires québécois se situent principalement dans une perspective socio-environnementale. Les autres partenaires sont plutôt orientés vers des projets dans lesquels les dimensions solidarité internationale et interculturalité sont centraux. 
Ces différences de contenu enrichissent les propos : les controverses socio-environnementales ne peuvent se couper - au Québec en tout cas - de l’interculturalité (problématiques de développement de territoires occupés par les Autochtones pour leurs activités traditionnelles par exemple). Quant aux problématiques de solidarité internationale, elles ne peuvent plus éluder la question des impacts sur l’environnement et parallèlement sur la santé (concernant les projets de l’urbanisation par exemple).

Dans tous ces domaines, l’approche participative vise à prendre, à mettre en œuvre et à piloter des décisions complexes en tenant compte des apports de tous les acteurs et actrices, quels que soient leur position ou leur statut dans la problématique qui les occupe, sans distinction de genre, de niveau socio-économique, d’origine ethnique, etc. Dans les approches participatives de gestion de projets et de recherche de solutions à apporter à des problèmes, tous les acteurs sont par définition égaux, même si dans les faits ce n’est pas le cas. L’approche participative a donc pour effet de rendre du pouvoir à des acteurs qui en ont moins. La gestion participative est ainsi un moyen pour s’inscrire dans un développement durable réellement inclusif, poursuivant des finalités éthiques explicites : un monde plus libre, plus démocratique, plus égalitaire, égalité de toutes les femmes et tous les hommes en particulier, plus juste en favorisant une meilleure répartition des richesses surtout envers les plus démunis, plus vert en considérant la nature comme une partenaire de vie bien plus que comme un ensemble de ressources à exploiter et plus responsable en faisant porter aux générations actuelles la responsabilité du monde que l’on lègue aux générations futures.

Le groupe de travail constitué des partenaires décrits plus haut souhaite élaborer un référentiel de formation aux approches participatives conçu comme un « tronc commun » qui permettrait sa contextualisation dans des formations à thématiques plus spécialisées, à l’environnement, au développement durable, au développement local, à la solidarité internationale et à la coopération au développement. Les thématiques genre et développement, lutte contre les discriminations et les exclusions… seront mises en avant. Des publics différents seront visés, issus de la formation initiale ou continue, comme les professionnels au sein d’institutions, collectivités, associations et entreprises en charge des questions de développement durable et de solidarités nationales ou internationales.
Ce souci de travailler sur la formation au développement durable et plus particulièrement sur l’approche participative est basé sur le constat que de plus en plus de professionnels au sein d’institutions et d’administrations cherchent à participer à des formations continues sur les questions de la solidarité internationale, de l’écologie, de l’économie sociale et solidaire (charte de pays, agenda 21, conseils de quartiers/développement, budget participatif, débats publics…). Des cabinets spécialisés se montent proposant des formations aux qualités inégales. Disposer d’un référentiel permettrait aussi d’appréhender la transversalité de telles démarches, mettant l’accent sur le développement durable dans sa globalité, et non pas seulement à travers un axe environnement ou social…

La nature même du groupe représente une richesse qui s’inscrit aussi dans la multidimensionnalité du développement durable : groupe pluri-acteurs - associatifs, chercheurs, universitaires, enseignants, formateurs, médiateurs - avec par conséquent des positions et des pratiques différentes, à cheval sur la théorie et le terrain, permettant par là même de confronter des regards et des enjeux complémentaires.

Dans une phase ultérieure du partenariat entre les différentes universités et les partenaires et dans le cadre de la chaire UNESCO, nous souhaitons entamer un processus de double habilitation de ce tronc commun de formation (en France et au Québec) et une adaptation à un format e-learning pour une partie des cours. Le dialogue et la co-construction s’apprennent aussi dans l’action et l’expérimentation, l’intermédiaire d’une caméra et de salles de classe virtuelles ne permettra pas tous les apprentissages. Cependant cette réalité de l’enseignement à distance et la possibilité de faire intervenir des spécialistes à plusieurs endroits sans devoir les déplacer ni déplacer les étudiants est une ouverture que nous souhaitons tester

Le projet comporte trois axes clés pour une durée de 12 mois (octobre 2012 – septembre 2013) :

  • Atelier de travail de trois jours à Chicoutimi « Référentiel de formation aux approches participatives » : il permettra de finaliser une ébauche de référentiel de formation. Une rencontre organisée avec les mêmes partenaires en mai 2011 à Bordeaux a été l’occasion de lancer la première phase des travaux et avait permis de mieux cerner les besoins en formation : les participants recherchaient surtout des outils, cependant les bases théoriques semblaient lacunaires et pas assez ancrées. Or, pour pouvoir intervenir dans des situations parfois difficiles et complexes, il faut bien entendu une boîte à outils qui permette une construction méthodologique spécifique et adaptée à chaque situation. De telles re-constructions méthodologiques ne sont efficaces que sur la base de théories et de cadres de références solides. Sans théorie, l’utilisation d’outils peut devenir dogmatique ou inadéquate. Ce sont ces cadres de référence qu’il faut mieux formaliser : la pensée complexe, l’action dans la complexité d’un monde incertain, les théories sur le dialogue, les comportements paradoxaux, les phénomènes de groupe, des réflexions plus philosophiques et éthiques sur l’égalité et l’équité… Et ceci n’enlève en rien la nécessité de la boîte à outils qui doit être elle aussi mieux équipée. C’est ici que le travail en groupe pluri-acteurs trouve toute sa force, car les professionnels du groupe ont l’expérience qui permet cette mise en parallèle.
  • Phase test, à Chicoutimi et à Bordeaux : des formations sur la base de ce référentiel seront proposées à des étudiants dans le cadre des programmes en éco-conseil à Chicoutimi, dans le cadre de la Chaire UNESCO sur la formation de professionnels du développement durable à Bordeaux (licence professionnelle « Chargé(e) de projets en solidarité internationale et développement durable ») en partenariat avec l’association Genre en Action, dans le contexte d’un cycle de formation de formateurs et formatrices en genre et développement à Bordeaux. Les partenaires qui auront participé à l’élaboration du référentiel de formation interviendront à titre de formateur et d’évaluateur des deux côtés de l’Atlantique et appliqueront éventuellement à leur tour le référentiel dans d’autres formations.
  • Finalisation et diffusion du référentiel par une collaboration à distance : sur la base de ces expériences de formation, en lien avec les feed back des étudiants et une évaluation interne des formations par les professionnel, et sur la base d’une implication des différents partenaires dans des projets qu’ils gèrent de manière participative par ailleurs, le référentiel sera alors enrichi et complété. Une première version de ce document de référence sera ensuite produite et diffusée dans le cadre de formations organisées par les deux institutions universitaires et leurs partenaires. Le référentiel sera également mis à la disposition de tous les professionnels intéressés, par les sites Internet des partenaires, à Chicoutimi : Synapse : http://synapse.uqac.ca, à Bordeaux : chaireunesco.u-bordeaux3.fr, pour Genre et Action : www.genreenaction.net, Il sera accompagné d’un questionnaire d’évaluation. D’autres sites Internet intéressés pourront diffuser le référentiel, ce qui nous permettra de l’améliorer au fil du temps et ainsi d’enrichir l’enseignement.

Groupe de travail pendant l'atelier sur la formation aux approches participatives janvier 2013